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Le Parisien
4 days ago
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Colo militaire et « recadrage républicain » : une association dans le viseur après un séjour dans les Yvelines
Garde-à-vous, lever de drapeau, « Marseillaise », cadre strict et pompes en guise de punition… Chaque été, une colonie de vacances de type militaire accueille une vingtaine de mineurs difficiles envoyés — parfois forcés — par leurs parents pour un « recadrage républicain » à Choisel, au cœur de la vallée de Chevreuse, dans les Yvelines. Un séjour interrompu cette année, à quatre jours de la fin, après un contrôle du service départemental à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (SDJES), un organisme intervenant sous l'égide de l'Éducation nationale. Lors de cette inspection, le 10 juillet, de « graves manquements » ont été constatés selon les autorités. Assez pour pousser la préfecture des Yvelines à prendre un arrêté pour interrompre en urgence le séjour. Celle de Seine-Saint-Denis, où est domiciliée l'association Laissez-les servir, qui organise ces colos militaires partout en France, lui a emboîté le pas, interdisant la tenue d'un autre séjour à La Grave, dans le parc national des Écrins (Hautes-Alpes) du 10 au 20 août. Dans son arrêté, la préfecture de Seine-Saint-Denis considère que « l'organisation de cet accueil présente des risques pour la santé et la sécurité physique ou morale de ces mineurs ». Lors de son contrôle, le SDJES aurait aussi relevé « un encadrement et des pratiques éducatives inappropriés ». Une plainte déposée par une maman À l'origine du contrôle, une plainte déposée par une mère de deux garçons participants au camp de Choisel, dont les témoignages ont été relayés ce mercredi par le Bondy Blog. Auprès du média en ligne, les deux adolescents de 13 et 14 ans font état de violences et d'humiliations. Ils reprochent aux organisateurs des violences et des insultes. Ce qu'ils ont indiqué à leur mère à l'aide d'un téléphone portable qu'ils avaient dissimulé, les appareils étant habituellement confisqués dès le début de la colo. La maman a déposé plainte auprès de la gendarmerie. Le dossier est actuellement entre les mains du parquet de Versailles, qui doit décider des suites à donner. Le directeur de l'association, le capitaine Nourouddine Abdoulhoussen, ainsi qu'une de ses adjointes, se sont vus interdits d'exercer auprès de mineurs pendant six mois. « Bien sûr q'il m'arrive de gueuler et ce n'est jamais gratuit, mais je n'ai jamais tapé » Incompréhensible pour Nourouddine Abdoulhoussen. « Bien sûr qu'il m'arrive de gueuler et ce n'est jamais gratuit, mais je n'ai jamais tapé et je ne suis pas violent, se défend-il. Si on était comme ça, notre association ne serait pas en activité depuis près de vingt ans. » De l'avis de plusieurs encadrants de la colo, les deux adolescents parisiens « ont pourri le séjour », provoquant des bagarres avec d'autres jeunes et refusant l'autorité. Un cadre aurait d'ailleurs eu un poignet cassé en voulant maîtriser l'accès de colère d'un des frères. Les membres de l'association dénoncent également un « acharnement » lié au contrôle du 10 juillet. Un sol pas plat, des légumes destinés à être jetés restés dans une cagette, des couteaux non rangés après un repas, une douche non conforme ou encore la présence de champignons sur un vieux réfrigérateur… non utilisé. « D'habitude, on attend de l'institution qu'elle nous accompagne, reprend le capitaine, lequel déplore de n'avoir reçu aucun rapport du contrôle ni vu aucun prélèvement alimentaire. Sinon, comment apprendre de nos erreurs ? » La région suspend ses subventions Chez les parents dont les enfants fréquentent l'association ou qui ont envoyé leur enfant en colo dans les Yvelines, c'est l'étonnement qui prime. Plusieurs ont d'ailleurs témoigné en sa faveur. « Les jeunes d'aujourd'hui ont besoin de cadre », rappelle une maman de six enfants résidant à Saint-Denis-Pierrefitte (Seine-Saint-Denis). En attendant, la situation a conduit la région Île-de-France, à « suspendre immédiatement la subvention 2024 de 45 000 euros, qui n'était pas encore versée ». La collectivité territoriale indique avoir saisi la direction de l'association Laissez-les servir « pour avoir des explications ». « La région Île-de-France ne saurait accepter de tels manquements. »


Le Figaro
21-07-2025
- Politics
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«L'affaire Epstein, bombe à déflagration pour le mandat Trump ?»
FIGAROVOX/HUMEUR - Le président américain fait face à une fronde d'une partie de sa base électorale persuadée que l'«establishment» lui cache la vérité dans l'affaire Epstein. Pour la première fois, Trump ne semble pas savoir quelle stratégie adopter pour y faire face, explique l'enseignante Ophélie Roque. Ophélie Roque est professeur de français en banlieue parisienne. Elle a notamment publié Antisèches d'une prof. Pour survivre à l'Éducation nationale (Les Presses de la cité, 2025). À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié L'affaire Epstein, on a en tous entendu parler, on sait vaguement de quoi il s'agit (sa mort «suspecte» selon certains, son île de débauche où de jeunes femmes – quand ce n'était tout simplement pas de très jeunes filles – passaient d'un bras libidineux à un autre. Bref, un petit parfum de Salo « made in US ») mais, en France, l'affaire suscite peu d'émoi. Tout au plus un haussement de sourcil mais le plus souvent la crainte (légitime) d'aborder sur les rives du complotisme. Personne n'oublie qu'un conglomérat d'agités du bocal (les fameux QAnon) reste persuadé que les puissants de ce monde sont à la recherche d'une jeunesse éternelle en utilisant la magie de l'adénochrome. Cette substance hautement improbable serait prélevée sur des enfants apeurés et torturés. Dis comme ça, il est vrai que l'on a envie de pudiquement refermer la porte et de se préoccuper de sujets plus hexagonaux. Et pourtant ce serait un tort, l'affaire a de ceci d'important qu'elle compte aux États-Unis et qu'elle finira donc (à un moment ou à un autre) par compter pour nous. Publicité Lors de la campagne de 2024, Trump (et Musk) ont beaucoup promis : promis de faire justice, promis de livrer la liste des «bad guys», promis de délivrer le monde d'un potentiel complot des puissants. Alors face à cette tiédeur nouvelle à l'idée de dévoiler les noms une partie de la base s'interroge. Et si Trump n'était pas le justicier tant attendu par les White Trash ? Selon un sondage Reuters/Ipsos, 69 % des Américains estiment que des informations sur l'affaire Epstein sont dissimulées. Ophélie Roque La mort en 2019 de Jeffrey Epstein, retrouvé pendu dans sa cellule, a remis une pièce (comme si besoin était !) dans la machine à sous des complots. Les gens se contentent rarement de la vérité, ils veulent toujours qu'un mystère soit caché sous la platitude de l'évidence. Dans le fond, c'est triste, cela montre que l'Homme s'ennuie mais passons. Bref, puisqu'ils veulent y croire, faisons l'effort (un temps) de croire avec eux : la mort d'Epstein serait un assassinat orchestré par le «deep state» qui souhaite – plus que jamais – protéger ses élites impliquées dans un réseau aussi bien sataniste que pédo-criminel. Patatras, le rapport publié en juillet par le département de la Justice (tenu par Pam Bondi, une proche de Trump) a douché tous les espoirs. Rien. Nada. Que tchi. Aucune liste de clients et circulez il n'y a rien à voir ! Pas étonnant qu'une partie de la base MAGA n'en revienne pas. On leur vole leur vérité, l'élite – à nouveau – se retourne contre elle. Il y a de quoi sortir les fourches et les piques pour moins que ça. À lire aussi «Je n'aime pas ça» : critiqué par ses fans sur l'affaire Epstein, Trump assure que «tout le monde se fout» du criminel Du point de vue français, on s'interroge. Qu'est-ce qui peut bien tenir la presse américaine en émoi dans cet imbroglio politique digne d'un Labiche sous acide ? C'est qu'on oublie que les États-Unis traversent une crise de confiance envers les institutions bien plus amplifiée que chez nous. Selon un sondage Reuters/Ipsos, 69 % des Américains estiment que des informations sur l'affaire Epstein sont dissimulées. Quant au gourou détrôné Elon Musk, il s'amuse à souffler sur les braises. Les tweets complotistes s'accumulent et il nargue l'ancien compère. La politique a de ceci qu'elle reste cruelle, peu importe le masque bouffon porté par les acteurs. Et non seulement Donald Trump est lâché par Musk mais son revirement est également pointé du doigt par des personnalités médiatiques d'habitude en phase avec lui. Alex Jones ou Tucker Carlson n'hésitent plus à dénoncer un scandale, on tenterait de jeter bébé avec l'eau du bain ! Mieux que cela, Carlson ose et, dans un podcast paru le 14 juillet 2025, avertit le gouvernement qu'il «joue avec le feu» et risque d'alimenter un «véritable extrémisme». Ces deux noms ne nous disent peut-être rien mais ils sont suivis par des millions de personnes Outre-Atlantique. À force de jouer avec les allumettes, il est possible que Donald Trump n'ait enflammé sa propre présidence. Ophélie Roque Si tout ceci remue autant c'est que l'affaire Epstein est le «vaisseau mère» des théories du complot. Toucher à cette pièce signifie ébranler toutes les autres et Trump commence seulement à le comprendre. Pour la première fois depuis son retour à la Maison-Blanche, le président fait face à une fronde interne assez significative. Lors d'un rassemblement en Floride, des militants trumpistes ont même hué des représentants de l'administration. Le fait restait inédit. C'est désormais chose faite. Trump s'est construit une image de chevalier de la transparence se dressant contre les multiples perfidies d'un establishment accusé de cacher la vérité. C'est comme si leur héros décampait face au dragon. Il y a de quoi être déçu. En reculant maintenant, il prend le risque d'avoir la cuirasse un tantinet éclaboussée par cette sordide histoire. Surtout que son passé amical avec le financier est bien documenté. Peu tendre avec le président, le Wall Street Journal s'amuse d'ailleurs à relancer la polémique ce 17 juillet en évoquant un message de 2003 signé Trump dans un livre d'or pour les 50 ans d'Epstein… petit mot accompagné d'un dessin suggestif ! Le président menace de poursuivre le journal en justice et dénonce un «article diffamatoire» mais le mal est là et il perdure. Publicité Face à cette fronde, le président oscille entre les stratégies. Il a d'abord tenté de minimiser, affirmant que «plus personne ne se soucie d'Epstein» et qualifiant d'«idiots ceux qui font le jeu des démocrates» avant de rétropédaler et d'annoncer deux jours plus tard que la ministre de la Justice pourrait publier «tout ce qui est crédible» sur l'affaire. Las, cette concession semble un peu maigre pour des «croyants» chauffés à blanc. La foule gronde et menace. Pour l'instant, tout ceci entame assez peu sa présidence mais qui sait ? À force de jouer avec les allumettes, il est possible que Donald Trump n'ait enflammé sa propre présidence.